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Open Source Publishing – Graphic Design Caravan

TeX, Fata Morgana et une promesse

News · February 15th, 2010 ·

Le catalogue en préparation

Les organisateurs du Prix Fernand Baudin nous ont demandé de répondre à trois questions concernant le livre, en vue d’intégrer les réponses dans le catalogue en préparation actuellement. Nos réponses sous forme d’extraits traduits en français du texte publié à la fin du livre. (Full version in English)

— Brèves explications du concept/déroulé du livre:

“Making Of” – p.323 : “Cette publication a été conçue et produite à l’aide d’outils numériques très peu utilisés habituellement en dehors du champ des publications scientifiques : TeX, LaTeX et ConTeXt. Alors que la plupart des contributions et traductions de ‘Traces dans les champs électr(on)iques’ arrivaient à leur stade final, nous, OSP, avons commencé à discuter de la manière de réaliser un livre qui réponde avec justesse au thème du festival lui-même (OSP est un collectif de designers qui utilisent des logiciels en licence libre, et dont la relation au logiciel est particulière à dessein). Une investigation des connexions intimes entre forme, contenu et technologie se trouve au cœur de notre pratique. Ce qui suit est le rapport d’une expérimentation qui s’étira sur un peu plus d’un an.”


— Quel est le détail/aspect/page/partie du livre que vous appréciez et dont vous aimeriez parler?

“Making Of” – p.325 : “Un logiciel libre exotique comme TeX, fermement ancré dans le contexte académique plutôt que dans celui du design commercial, pourrait nous aider à ré-imaginer notre adresse habituelle à poser du texte sur une page. En opérant ce décalage de champs d’utilisation, nous espérons découvrir une autre expérience du faire, et trouver une relation plus constructive entre forme, contenu et technologie […] Layouter une publication en LaTeX est une expérience entièrement différente que de travailler sur un logiciel visuel de type wysiwyg. Les décisions de mise en page sont appliquées par le biais de balises qui rappellent dans une certaine mesure le travail en CSS ou en HTML. Le résultat mis en page ne se produit qu’après avoir compilé le document, et c’est là que la magie de TeX opère. Le logiciel passe plusieurs fois à travers un document balisé .tex, décidant incrémentiellement où poser la césure dans tel ou tel mot, où placer un paragraphe ou une image. En principe, le concept de page ne s’applique qu’après le succès de la compilation. Le travail de design se déplace donc radicalement de l’acte de placement absolu vers celui de co-gérer un flux. Chaque élément reste placé de manière relative jusqu’au dernier passage, et pendant que les messages d’erreurs, les alertes et les décisions de césures défilent en commande en ligne, la sensation d’élasticité est quasi tangible. Et en effet, quand l’élasticité maximale d’un paragraphe est dépassée, des mots jaillissent littéralement hors de la grille (un exemple page 34). […] En feuilletant à plusieurs reprises les manuels et nombreux guides qui existent, nous avons plaisir à découvrir une nouvelle culture. Bien que nous grinçons parfois des dents à l’humour paternaliste qui semble avoir infecté tous les recoins de la communauté TeX et qui est clairement inspiré des mots d’esprit du père fondateur, Donald Knuth lui-même, nous ressentons comment la légèreté, la structure souple de TeX permet une structure de travail moins hiérarchique et non-linéaire, ce qui rend plus facile la collaboration sur un projet. C’est une expérience assez exaltante de produire un lay-out dans le dialogue avec un outil, et le processus de conception prend une qualité presque rythmique, itérative et incrémentielle. Il commence aussi à devenir clair que cette souplesse vient avec un prix.”

— Parfois, certains aléas, contraintes, problèmes techniques vous ont poussés à prendre certaines décisions dont vous voudriez parler pour que nous comprenions mieux l’histoire du livre. Pouvez-vous les décrire?

“Making Of” – p.326-329 : “«Les utilisateurs ont juste besoin d’apprendre des commandes facile à comprendre qui spécifient la structure logique d’un document », promet L’Introduction Pas Si Courte À LaTeX. […] Cela explique pourquoi LaTeX cesse d’être facile à comprendre une fois que vous essayez de dépasser son modèle strict de «livre», «article» ou «thèse» : les «utilisateurs» qui abordent LaTeX ne sont pas des graphistes et auteurs comme nous. À ce point, nous hésitons à arrêter ou continuer [ …] En février, plus de six mois après le début du processus, nous envisageons brièvement de passer à OpenOffice […] ou de revenir à Scribus […] Puis nous nous souvenons de ConTeXt, un ensemble relativement jeune de macros qui utilise le moteur de TeX lui aussi. «Alors que LaTeX isole l’auteur des détails typographiques, ConTeXt offre une approche complémentaire en fournissant des commandes structurées de traitement typographique, y compris un support étendu des couleurs, arrières-plans, hyperliens, présentations, intégration figures-textes et de compilation conditionnelle». C’est ce que nous recherchons. […] Même s’il est frustrant de réapprendre un nouveau langage de balises (même si les deux sont basées sur le langage TeX, la majorité des commandes LaTeX ne fonctionnent pas dans ConTeXt et vice-versa), la plupart des fonctions que nous ne pourrions atteindre qu’au travers de hacks en LaTeX, sont intégrés et facilement disponibles dans ConTeXt. Avec l’aide de la liste de diffusion de ConTeXt, très active, nous trouvons un moyen d’utiliser, enfin, nos propres polices et si tout un tas de questions, bogues et zones sombres subsistent, on dirait que nous nous approchons de pouvoir produire le type de publication multilingue, multi-format et multi-couches que nous imaginons pour Traces dans les champs électr(on)iques. […] Comme le temps passe, nous trouvons qu’il est de plus en plus difficile de consacrer du temps concentré à apprendre et c’est une leçon d’humilité que l’acquisition d’une sorte de fluidité semble nous pousser dans toutes les directions. La nature extensible du processus nourrit aussi notre insécurité. Peut-être nous devrions essayer aussi cet ensemble de commande? Avons-nous lu ce manuel correctement? Avons-nous lu le bon manuel? Avons-nous vraiment compris ces instructions? Si nous étions nous-mêmes des développeurs, pourrions-nous savoir ce qu’il faut faire? Paradoxalement, plus nous investissons dans ce processus, mentalement et physiquement, plus il est difficile de lâcher prise. Refusons-nous de voir les limites de cet outil, voire, plus effrayant, nos propres limites? Pouvons-nous accepter que l’expérience que nous espérions se révèle beaucoup plus banale que les résultats sublimes dont nous avions secrètement rêvé? […] En août, lors de l’écriture de ce rapport, le livre est plus ou moins prêt à partir chez l’imprimeur. Bien qu’il semble «beau» selon certains, à cause de bogues inattendus et des contraintes du temps, nous avons dû laisser tomber quelques-unes des interventions que nous espérions mettre en œuvre. En y posant le regard, il ne se révèle clairement pas être le genre d’expérience typographique révélatrice dont nous avons rêvé et, malheureusement, nous ne saurons jamais si cela est dû à notre propre compréhension limitée de TeX, LaTeX et de ConTeXt, aux limites inhérentes à ces outils eux-mêmes, ou à notre décision brute de terminer de force le lay-out en deux semaines. Probablement est-ce un mélange de tout ce qui précède, et c’est d’abord un soulagement que la publication existe enfin. Revenant sur le processus, je me souviens des paroles pleines de sagesse de Joseph Weizenbaum, qui affirmait que «seul rarement, voire jamais, un outil et un travail original conjoints sont inventés ensemble» (Joseph Weizenbaum, Puissance des ordinateurs et raison humaine: du jugement au calcul. MIT, 1976). Pendant que ce livre s’effondrait presque sous le poids des projections qu’il devait porter, j’ai souvent pensé qu’à l’extérieur du monde de la publication académique, la puissance de TeX est un peu comme une Fata Morgana. Hypnotisante et toujours hors de portée, TeX représente la promesse d’un paysage technologique alternatif qui maintient notre rêve de changer les habitudes logicielles en vie.”
Femke Snelting

— Aussi, il nous serait nécessaire d’obtenir deux exemplaires supplémentaires avant le 6 janvier pour les expositions et prise de vue avec des livres neufs. Pensez-vous cela possible?

Oui.

INFORMATIONS GÉNÉRALES:
Titre(s) et sous-titre(s): Tracks in electr(on)ic fields – VJ10
Auteur(s): Collectif
Éditeur(s): Constant vzw
Équipe graphique et/ou collaboration(s): Pierre Huyghebaert et Femke Snelting
Imprimeur: Offset Geers
Traducteur(s): Collectif
Langue(s): EN, NL, FR
Nombre d’exemplaires: 1000
ISBN: –
Dépôt Légal: –
Poids: 383 gr
Date de parution: Novembre 2009

INTÉRIEUR:
Format fermé: 130 × 185 mm
Format ouvert: 260 × 185 mm
Nombre de pages: 332 p
Nombre de cahiers: 11
Papier(s): blanc offset 80 gr/m²
Impression: offset quadri r°/v°
Type de reliure ou de brochage: dos carré collé + Otabind
Police(s) de caractère: Latin Modern Roman, Latin Modern Typewriter

COUVERTURE:
Format fermé: 130 × 185 mm
Format ouvert: 278 × 185 mm
Nombre de pages: 4
Papier: blanc couché 175 gr/m²
Impression: offset quadri r°/v°
Finition : coupe trilatérale

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